[Installation artistique de Didier Terme au Terril de...

[Installation artistique de Didier Terme au Terril de l'Eparre à Saint-Etienne (Loire)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT1373 04
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historiqueTrois kilomètres de rubans jaune fluo et bleu vif qui dessinent des zigs-zags sur un terril, à Saint-Etienne... A quoi ça sert ? A rien, bien sûr. Et pourtant, il ne s'agit pas juste d'une intervention artistique perpétrée par un stéphanois de trente cinq ans en mal d'originalité. Mais plutôt d'un geste ludique et concerté que son auteur, Didier Terme, assume avec la légèreté et le sérieux qu'il convient. Homme d'entreprise, directeur commercial d'une société qui importe du matériel agricole, Didier Terme a aussi l'âme artiste. Il y a un an, il arrête la peinture. De son propre aveu, il ne s'y retrouvait plus dans ses brosses et ses pinceaux. L'envie d'autre chose. Et puis, il y a six mois, il a l'idée de cette installation au Terril de l'Eparre. Réaliser quelque projet monumental, digne de frapper l'imaginaire, sur le symbole d'une économie défaillante. Un terril, ce n'est pas neutre. Toute l'Histoire passée, économique et humaine, de la ville de Saint-Etienne tient en quelques tonnes de poussière de charbon, et beaucoup de cicatrices. D'aucuns seraient d'ailleurs plutôt du genre a vouloir cacher cette misère et oublier le passé. Didier Terme, lui, leur oppose le terril en fête. Mieux vaut extérioriser que refouler. Pendant une semaine, six hommes ont travaillé sur une pente à 45 degrés pour concrétiser un projet, que les propriétaires du terril et la municipalité de Saint-Etienne ont vu tout de suite d'un bon oeil. Didier Terme a fait appel à des sponsors. Merci aux Etablissements Thiollier, spécialistes du ruban de travaux publics et au Groupement des rubaniers stéphanois... Dynamiser l'économique par le culturel. Souligner que ce dernier est totalement tributaire du premier. Notre industriel-artiste, on le voit, tient un discours tout à fait dans les préoccupations du moment. Son idée même est dans l'air du temps. La preuve : on s'interrogeait, il y a peu en Belgique, nous apprend un récent numéro de "Beaux Arts Magazine", sur l'utilisation artistique de terrils. De fait, avec la redécouverte des paysages industriels liés à la production du XIXe siècle, les mines sont devenues un des lieux privilégiés de réflexion pour l'art contemporain. On pense aux photos des Becher, par exemple. Dans les années 70, apparaissent l'action sur le paysage et le Land Art d'inspiration écologique, qui, dans une sorte de révélation-appropriation de la Nature, définissent une nouvelle perception de celle-ci. Le parcours affectif de l'installation de Didier Terme est au contraire derrière son ludisme et son plaisir presque naïf, une réflexion sur l'environnement culturel, l'Histoire et la mémoire collective. Ce que, d'une certaine façon, il propose aux Stéphanois, avec quelques bouts de rubans jaunes et bleus plantés dans la poussière de charbon, c'est de réenvisager leur passé, afin de vivre autrement leur présent et de déterminer l'avenir. Que d'ambitions dans si peu de matériau. Cette ambition, Didier Terme désire à présent la mener ailleurs. Dans d'autres villes, sur d'autres lieux, d'autres paysages, toujours liés à l'histoire des hommes, pour effectuer un semblable travail monumental. L'installation du Terril de l'Eparre, visible du périphérique et même de plus loin, sera en place jusqu'à la fin de septembre [1987]... si la météo ne fait pas des siennes. Source : "Un terril qui a bonne mine" / Nelly Colin in Lyon Figaro, 18 juillet 1987, p.40.
note bibliographiqueSite personnel. [En ligne] : https://www.didier-terme.com (consulté le 01-07-2022).

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